Carrément à l'ouest

"Ah si ????".

C'est très étonné et chagriné que ce vieil homme (nommé Valentin) a appris la mort de Louis de Funès, dont il adorait les films qui étaient diffusé au cinéma local, avant qu'il ne soit atteint d'un glaucome assez grave semble t-il.

J'ai dû lui annoncer la mauvaise nouvelle sans oser de lui dire que ça faisait déjà un sacré bout de temps... Après tout, qu'est ce que ça change ?

Il appréciait également Alain Delon et Jean Marais (Los Misterios de Paris !!).

Vous pouvez ainsi mesurer l'espace temps qui sépare notre société française empressée et connectée, et ces terres reculées cubaines qui vivent à un rythme qui leur appartient.

Soit dit en passant, ils en savent sans doute plus sur la France, qu'on ne s'intéresse à Cuba (je vous mets au défi de citer 3 personnes connues de Cuba, hors Castro).

Ce vieil homme, rencontré dans un parc alors que nous faisions un pause à La Palma, voulait simplement discuter, nous saluer, parler quelques mots de français, sentir un peu le vent frais de notre voyage.

Il était exactement comme on peut imaginer un cubain. Un viejo, la peau noire cuivrée, une casquette rouge qu'il ne doit pas souvent quitter, les rides profondes au visage, les yeux clairs et illuminés, la parole douce et chevrotante. On s'est quitté comme on s'est salué, avec un grand sourire.

A l'instar de Valentin, nous rencontrons beaucoup de gens ici. Je pense que nous commençons à ouvrir peu a peu notre coquille de méfiance, à comprendre comment aborder les gens, et à parler suffisent bien de sorte à ne pas être seulement considérés comme la famille de gringos...

"Mira" (regarde !) est le mot que nous entendons le plus pendant nos excursions à vélo. Il faut dire que nous ne passons pas inaperçus, avec notre épais paquetage, et surtout le follow-me qui permet à Adèle de se prélasser au soleil, et qui amuse beaucoup les cubains (friands d'innovations mécaniques).

Et il faut dire que Colin est également impressionnant avec ses sacoches, à encaisser sans broncher ses 30 ou 40 km par jour par 32°c a l'ombre...

Quant à nous, nous jonglons avec des "Hola!", "Buen Dia", "Bueno Dia", "Buena tarde"... qui sont des variantes de bonjour, et que nous distillons à la volée aux passants à pied, à vélo, à scooter, à cheval, en voiture à cheval ou à boeufs et devant chacune des maisons que nous passons, où on se repose à toute heure de la journée dans des rocking chair locales. (Il a dû y avoir un distribution nationale de chaises à bascule car TOUTES les maisons ont les mêmes).

Côté parcours, nous continuons de nous enfoncer vers l'ouest cubain. Après la nuit dans la maison inoccupée de Playa Banes, nous avons atteint la petite ville de Cabanas où, en pleine route, nous avons littéralement été alpagués par Anabella qui a arrêté sa magnifique Chevrolet rouge pour nous proposer de venir passer la nuit dans son auberge...

Et elle a fort bien fait ! Après plusieurs jours à bien galérer (il faut bien le dire), nous sommes arrivés dans un jardin d'Éden où nous a été servi un jus de mangue, et où nous avons pu faire une divine sieste à l'air conditionné, suivie d'un vrai dîner. Délicieux, préparé par des femmes adorables.

À partir de ce moment-là, nous avons entamé un deuxième chapitre de notre voyage cubain en traversant des paysages sublimes, vallonnés, émaillées de palmiers, de manguiers, de ceibas, sur une terre ocre, à croiser des vaches amaigries, des biquettes, des boeufs, des cochons plus ou moins sauvages.

Nous avons rallié Bahia Honda, puis Palma Rubia où nous avons passé finalement 2 jours tant on s'y est senti bien.

Colin et Adèle se sont fait des amis, et nous aussi. Nous avons eu le privilège simple de partager une soirée avec des locaux qui nous ont parlé très ouvertement de leur situation, du système cubain, des difficultés mais aussi des beautés du pays... Et dans l'euphorie, ils nous ont même roulé des cigares et donné des feuilles pour en rouler à la maison.

Passionnant et complexe... La situation de Cuba est incompréhensible, même pour les cubains, qui alternent entre espoir et découragement, notamment quand l'électricité se coupe en pleine soirée pour la 2ème fois de la journée (soit 8h sans courant) et promet une nouvelle nuit sans lumière et sans air conditionné.

Désormais, nous sommes à Minas de la Constancia, entre deux éperons rocheux verdoyants (ça nous rappele un peu la maison), non loin de Vinales où nous sentons (à la solidité et propreté des maisons) que nous nous rapprochons d'une région plus touristique. Vinales, c'est la région de la production de cigares.

Nous y passerons sans doute plus tard, mais nous ne sommes pas impatients de repartir sur des sentiers battus.

Désormais, nous n'avons plus qu'un but : trouver la mer et un endroit où l'on pourra se baigner, pêcher et voir des pêcheurs (l'obsession de Colin).










Commentaires

  1. RRRRRooooohhhh je suis parti loin, là !!! le grand kiffe !

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  2. Clarita Banana17 avril, 2023

    Trop bon ce récit au goût de mangue !! Louis de Funès est mort il y a 40 ans tout pile, en 1983 : une perte compensée néanmoins par de merveilleuses naissances 😬 Besitos los amigos, buena continuacíon

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  3. Wouaw, que d’aventures d’ores et déjà ! On s’y croirait presque en vous lisant, c’est très visuel... et très instructif (tristement, pour partie ; je n’avais pas conscience que le dénuement était à ce point de toucher l’approvisionnement en eau potable).
    Bonne route à vous, et bon courage pour les cours de maths ;-)

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  4. Pedroso, Sotomayor et .............. t'as raison je sèche ;-)

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