Adios Cuba

Après plus de 1000 km parcourus à vélo, presque 2 mois passés à Cuba, et alors que nous approchons du départ, il est tentant de faire un bilan.


À chaud, difficile de dissocier notre expérience de voyage de la situation dans laquelle nous avons vécu pendant ces semaines. Nous en avons plein les yeux... et plein les bottes aussi.

Nous avons cherché à vivre au rythme des cubains, selon leur tempo, leurs routines, leurs codes, leurs lieux, leurs authenticités, leurs difficultés aussi.

 


Nous n'avons pas emprunté les circuits, les passes-droits et autres simplicités luxueuses réservées aux touristes (à quelques exceptions près) nous voulions toucher le quotidien, et nous avons été servi.

 



Ça n'a pas été simple de s'adapter tant nos repères ont totalement éclaté : eau potable, pain, nourriture, argent, accès à internet, transport, informations, achats de première nécessité, système d'hébergement... Il a fallu comprendre, accepter, et surtout réduire.

S'habituer à trimbaler énormément de billets... Et à ne pas pouvoir en "tirer" davantage.


Au delà de ces aspects, le pays que nous avons découvert est un petit joyaux des Caraïbes : profondément rural, avec une grande variété de paysage  : des paturages verdoyants, des plaines de terre ocre, des forêts épaisses, des villes coloniales élégantes et colorées, des plages de carte postale... Le tout sous un climat constant difficile à imaginer pour nous qui vivons tant au rythme des saisons. 





Et puis vivre au rythme d'un pays, c'est forcément se fondre dans son humeur politique, et là aussi, c'est vertigineux. Après d'innombrables discussions, c'est l'amertume qui domine.
En Europe, nous parvient le vernis tropical révolutionnaire : des images de Fidel arranguant une foule ou se battant contre les Yankis au volant d'un char, le Che aussi beau que temeraire, le pays "David" contre Goliath... Trouvant ses ressources on ne sait où, et les cubains qui dansent autour de ce récit délicieux.


Ici à l'intérieur de Cuba, les crises en poupées russes ont effacé ce vernis. Il s'est craquelé depuis longtemps mais continue d'orner le récit national. Derrière la brochure, les cubains souffrent, appauvris, muselés et confinés dans des files d'attente interminables. On ne sait trop par quel bout prendre les multiples défis économiques qui s'entremêlent. La soumission est la règle, l'individu et l'inivitaitive n'existent pas, "Patria o muerte" reste la devise (en forme de menace) de cette dictature au sable fin, mais dictature quand même.
Je ne m'étends pas trop, on aura l'occasion d'en discuter a notre retour.

A l'inverse, l'histoire de Cuba (et notamment avant le 20eme siècle, est aussi riche et très éclairante sur l'actualité : les multiples dominations successives, l'esclavage, la place dominante du pays à cette époque, le métissage, les influences variées qui en font un pays incroyablement cosmopolite. Des pistes inspirantes pour une future "évolution.

Dans ce décor fluctuant, l'itinerance à vélo était notre repère, sorte d'oasis où tout était (relativement) simple et clair : il fallait appuyer sur les pédales pour avancer. Nous devions déplacer nos corps et nos paquetages à la force des mollets, nous avions tous les outils pour nous sortir de galères. Cette simplicité maîtrisée nous allait bien et nous a permis de traverser tant de villages, tant de paysages, et tant de moment qui resteront je l'espère, comme un capital affectif immuable que nous partagerons à jamais à quatre.


Le vélo, c'est notre coup de coeur. Nous savions avant de partir que cela nous correspondait en tout point, mais cette aventure dans un environnement des plus exigeant a fini de nous convaincre. Son approche, son rythme, la sobriété qu'il exige tant matérielle que spirituelle.


Les enfants ont été incroyables, sans doute les mieux adaptés et les moins râleurs de nous quatre, avalant les réveils matinaux, les kilomètres, les changements de programme, les devoirs d'écoles et les galères quotidiennes avec sérénité et humour. Évidemment, c'est aussi lié à notre manière de préparer et d'accueillir les cahots, et là dessus, je rend hommage et admiration à Julie et à ses capacités hors norme, dans le guidage, l'organisation à distance, la structuration du planning, la connaissance du guide, la manipulation de l'appli MapsMe, le paquetage des sacoches, l'adaptabilité, etc. Ensemble, nous formons une belle équipe équilibrée (l'un s'occupe des hauts, l'autre des bas, et vice versa, selon l'humeur) et presque toujours au diapason.


Sans s'en rendre compte, même s'il est dur, on s'attache à un pays qu'on traverse à mesure qu'on prends ses marques.

Ils nous a offert des paysages, des sourires, des fruits et des encouragements de la part des personnes croisées au bord des routes. A chaque fois, des mots gentils, des compliments et un profond respect (surtout Adèle, plébiscitée par les mamas de tout le pays : "que linda la nina !!!!").


A l'inverse, pas facile de donner autant qu'on reçoit en voyage. Finalement, on ne fait que passer... Et si notre curieuse caravane a pu ne serait-ce qu'occasionner des sourires complices, éclabousser d'embruns d'ailleurs et donner des idées de périple familial dans cette ambiance si bloquée, alors nous en sommes fiers.


Quel voyage ! Quelle claque

Adios La Habana, hasta Bogota !

 






Commentaires

  1. Jolie texte, belles aventures. Tant de souvenirs pour vous quatre pour toujours dans vos têtes. Félicitations et courage pour ce départ vers la Colombie... Quitter un pays n'est jamais simple lorsque l'on s'est imprégné de ses odeurs, paysages, sourires.
    Bises. Les grez

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  2. Thomas Walter10 juin, 2023

    Toujours un plaisir de vous lire ! Bisous les amis

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