Côté nord, hasta la Habana

A Santa Clara, nous faisons le point. Continuer vers l'est serait tellement tentant mais avec quel argent. Nos poches se vident et ne nous permettent pas de tenir jusqu'au 15 juin. Prendre le chemin du retour serait plus sage. Nous tombons nez à nez avec la compagnie aérienne qui doit nous emmener en Colombie. Nous prenons la décision de réduire le voyage cubain. Le chemin du retour se fera par la côte Nord : vent et soleil dans le dos et petit paradis de plages...


Nous arrivons à Varadero. Si ce nom résonne dans toutes les têtes d’européens en mal de soleil, nous n'imaginions pas en faire une escale. C'est finalement sans regret que je souffle mes 39 bougies dans une eau translucide, cristalline et véritable aquarium grandeur nature. 


Seul bémol à cette étape, Marc tombe bien malade et je dois piloter seule la petite équipe. 

Une fois remis sur pattes, nous mettons le cap vers Matanzas. Cela tombe à point nommé, le livre cubain du moment (La transparence du temps, L. Padura *) se déroule entre La Havane et cette petite ville qui connaît un nouvel essor depuis quelques années. Ici nous découvrons une baie superbe, des rues animées par des joueurs d’échecs et dames, des ateliers d’artistes en bord de fleuves qui rendent Matanzas très appréciée. Peut être est-ce aussi que nous comprenons mieux le pays après ces divers lieux traversés. 





La Havane se rapproche malgré encore une halte toute aussi paradisiaque que Varadero située à Jibacoa. Nous profitons de l’ombre idéale pour faire la pause et reprenons à la lumière douce la route du soir pour une ultime casa les pieds dans l’eau.


Le temps de marcher sur un scorpion et de manquer de prendre une noix de coco sur la tête, nous filons à présent vers la capitale et franchissons sur cette étape (humide), truffée de puits de pétrole, la barre des 1000 kilomètres. 

La boucle est bouclée et nous retrouvons avec grand plaisir l’effervescence. 


Nous nous sentons presque à la maison : plus besoin de GPS, resto avec nos copains, discussions dans la rue à tout va... 

Finalement deux mois c’était la bonne durée !


* Extrait du livre la transparence du temps pour conclure 

Les vieilles voitures américaines tant de fois réparées qui roulaient depuis cinquante, soixante et même soixante-dix ans régnaient encore sur ces rues. Leur simple existence défiait les lois du marché, de la mécanique universelle et de l environnement avec leur interminable durée de vie transformée en présence bruyante dont les gaz d'échappement étaient expulsés en grands jets noirs vers les poumons des passants, et en dernière instance vers ce qui restait de la couche d'ozone. De leur côté, les gens qui circulaient par centaine et par milliers sous le soleil encore meurtrier de septembre et à une heure où ils étaient tous supposés faire les plus grands efforts en travaillant pour un avenir meilleur semblaient plus usés et plus meurtris que les vieilles Ford, Chevrolet ou Pontiac. Ils se mouvaient comme des fourmis dont on aurait perturbé la fourmilière : vite ou lentement, ils semblaient plutôt errer que se déplacer dans un but défini. Suant, renfrognés, mal habillés et accablés, ils étaient nombreux à porter un sac en toile ou en plastique, généralement vide.

Qui travaille dans ce pays ? Pourquoi de plus en plus de gens ont cet aspect déplorable ? Où vont-ils ? D où viennent-ils ? Il se posait ces questions en observant la foule impétueuse, les gens obstinés à traverser la rue sans regarder, peut être décidés à se suicider ou occupés à examiner le ciment ou la chaussée comme s'ils espéraient y trouver une manne qui surgirait des entrailles de la terre. 

Commentaires

  1. Vraiment trop génial ce périple cubain raconté d'une si belle manière.❤️
    On sent déjà la pointe de nostalgie et le regard désormais tourné vers le colombie
    et 2 mois déjà !
    des bises (Cyril EP)

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  2. Thomas Walter10 juin, 2023

    Quelle aventure ! Quel courage! Et mention spéciale pour les 1000k des kidz

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