Une semaine d'aventures humaines

Voilà une semaine que nous avons repris le voyage à vélo sur les routes de Colombie et nous avons l'impression que cela fait un mois. Tant de choses et de gens nous sont arrivés, tant de paysages traversés. Ça nous manquait...


 

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C'est reparti ! Nous voilà enfin de retour sur nos vélos, avec tout notre barda qui tient sur quelques centimètres carrés de gomme.

Le départ est donné de Bogota après 3 jours de transit descanso rendus possibles par l'epatante gentillesse d'Anthony et Aurore, deux amis français expat qui nous ont tout simplement confié leur appartement. Si les colombiens sont des gens adorables et accueillants, il faut aussi dire un mot de la communauté française à Bogota qui nous a incroyablement aidé ! Merci à eux et à elles !

Ces quelques jours ont été mis à profit pour rafraîchir les coupes de cheveux, déguster des sushis et un roquefort Société (l'événement gustatif incontesté) et surtout fêter dignement les 9 ans de Colin (et les 7 ans d'Adèle, qui avaient été très sobrement fêtés à Cuba). 

 




 

Tous deux ont désormais une montre au bras et la possibilité de lire l'heure (ils ne s'en privent pas, on a deux horloges parlantes sur la route).

Nous ne savons pas qu'elle est notre destination mais nous partons en direction du nord sur les pas d'une autre famille de zinzins français, qui a repéré une trace dans l'autre sens il y a quelques mois.



Nous profitons d'un dimanche lors duquel toutes les bicyclettes de Colombie sont de sortie pour s'extraire de l'agglomération bogotaise. Les pistes cyclables sont bondées de cyclistes de tous poils, souvent suréquipés et qui avancent très tranquillement. Ça nous va bien, et avec les enfants et notre barda, on fait sensation.


Vers le nord, nous arpenterons donc les routes que nous avons traversé à vitesse grand V voilà un mois quand nous débutions le road trip.



Cette fois-ci, nous prenons le temps et les chemins de traverse (pistes essentiellement, où il y a peu de voitures). L'objectif n'est pas d'en voir le plus possible mais de capter un peu de la vie rurale colombienne, dans les régions du Cundinamarca, du Boyaca pour atteindre peut-être Villa de Leiba (ce joli village blanc à l'immense place pavée) voire le Santander...

Nous ne nous attendions toutefois pas à rencontrer tant de gens en si peu de temps... Le vélo est un accélérateur d'émotions.


Ce premier jour, nous nous dirigeons vers ce que nous croyons être un camping perché sur les hauteurs de Chia. En arrivant, Jorge nous accueille en nous montrant son potager et les fruitiers de son immense jardin. Vera sa femme brésilienne poursuit la visite de leur demeure très fastueuse devant nos yeux ébêtés et légèrement confus, quand arrive une voiture avec chauffeur et en descend une femme française et son enfant venus présenter ses condoléances à Jorge qui (Vera nous l'apprend) vient de perdre sa mère. Entre deux amabilités de protocole, Vera nous indique que ce n'est pas un camping mais qu'ils nous accueillent volontiers dans leur jardin.

On se croirait dans une pièce de théâtre de Bouvard.
On finit d'entrer dans 4eme dimension quand on comprend au moment du thé que la défunte n'est autre qu'une des peintres les plus illustres de Colombie (Têyé), que son mari était l'un des plus grands écrivains journaliste contemporain et que nous sommes tombés par hasard dans une famille d'artistes intellectuels... 



Cela ne nous empêchera pas de faire une bonne soupe le soir venu que l'on partagera avec Jorge et Vera, qui nous feront en retour quelques délicieuses arepas con queso. Le lendemain, ils iront même jusqu'à faire un bout route avec nous vers Zipaquira.

 



A Zipaquira justement, après avoir essayé en vain de squatter chez deux canadiennes témoins de Jéhovah, nous nous rendons à l'évidence à l'heure du goûter : on n'a pas de plan hébergement pour ce soir.

En voyant un panneau "Finca" sur un chemin, je tente ma chance. Bingo, Omar le vétérinaire de campagne et sa femme Justine nous accueillent dans leur jardin. Ce n'est pas Bizance mais on trouve quelques mètres carrés relativement plats et dépourvus de crottes de chien (et de cochon) pour planter la tente.



Le soir, après avoir avalé notre semoule, Omar se révélera fin mélomane en nous présentant tous les instruments de musique qu'il pratique : guitare, jumbe, flûte indigène, saxo, didgeridoo, balafon, ocarina, flûte de pan, maracas, batterie, harmonica, accordéon...



 

Au petit matin, il nous offre une tonique agua de panela, et c'est réparti !

Cette fois-ci, la pluie fait son grand retour et nous scotche une bonne partie de la journée aux bancs d'une cafétéria de Nemocon où ça n'étonne personne " il fait toujours ce temps là ici !". Ok, ça promet !
Les pistes seront gorgées de boue et les vélos le sentiront passer ! 

 




  

On finit la journée dans un camping. Par camping, comprenez qu'on nous fait payer le camping sauvage (il y a juste des toilettes et un douche froide). Mais nous sommes les seuls sous les immenses falaises de Suesca et le cadre est époustouflant. Tellement beau qu'on préfère faire des photos avec notre appareil plutôt que les téléphones donc vous n'en verrez rien...

Nous arrivons sous le soleil et la nuit s'annonce claire (donc froide). On s'offre le luxe d'une soupe-feu sous les étoiles. Divin !

 


Le lendemain, c'est couvert mais ça tient. A mesure qu'on descend progressivement d'altitude, les paysage changent. Plus vallonnés, des terres ocres, plus de pâtures et de forêts. Ça commence à être très beau (ça ressemble de plus en plus au Vercors...). 







Portés par cette sereine beauté, on en oublie un peu de savoir où on dort... Une zone de camping est indiquée sur Google Maps là bas vers la lagune, non loin d'une petite caburote où l'on disfruite un tinto.



  Oui mais non. En demandant notre chemin à une paysanne, celle ci nous indique que le camping que l'on cherche n'existe pas et nous propose de dormir dans son champ de 5 vaches. Une vue imprenable de part et d'autre d'une incroyable presqu'île surplombant une lagune, c'est le paradis. Mais les herbes font bien 60 cm, et il faut slalomer entre les bourses. C'est parfait !! 

 



On plante la tente (qui "flotte" sur les herbes), on avale nos pâtes et dodo puisque nos hôtes n'ont pas l'air super causants (même s'ils nous ont offert un peu de lait.

Le lendemain, la journée est sublime. Le soleil brille et nous voguons tranquillement le long de sentiers peu fréquentés. On commence à sentir la chaleur et ce n'est pas désagréable. Les côtes sont bien costaudes, mais on n'hésite plus a poser le pied par terre et à pousser. 



Quand on roule, on discute du paysage, du plateau de fromage de nos rêves, on "explique" des épisodes historiques (Napoléon, les colonisations, le 11 septembre...) ou on joue au "jeu des 1000 pesos". Parfois on se fait des petites bobos aussi, mais c'est les risques du métier.

 


Cette fois ci, nous arrivons au village de Lenguazaque complètement hors des sentiers touristiques, où nous profitons de la douce fin de journée.


Le jour d'après s'annonce pluvieux ; moins drôle. L'étape semble assez tranquille, du plat et une petite "butte" de 400m de dénivelés pour le début d'après midi.



L'étape s'avérera finalement être un calvaire : on commence par emprunter la route du charbon avec d'énormes camions remplis a rabords d'une poudre noir qui recouvre toute. Sous la pluie, la petite butte est en fait un sentier à 15% où on doit pousser les vélos à la montée sur 3 km en glissant sur les pierres et s'embourbant dans la glaise. La descente n'est pas plus simple puisqu'encore plus dangereuse et glissante. Bref, on arrive exténués dans la vallée de 3 esquinas avec seulement 17 bornes au compteur, et passablement angoissés car au début de l'étape, Julie s'est faite mordre le pied par un des ces clebards de **** qui jonchent les routes (désolé, on n'aime pas les chiens). Il faut savoir que la rage est encore présente en Colombie, faut faire gaffe. D'où notre panique modérée (mais quand même).

Dans ces moments là, on sert les dents, on attend que le vent tourne et nous fasse signe... En passant près d'un champ, je salue au loin un paysan en poncho en train de traire ses vaches, qui me salue en retour d'un large sourire. On tente le coup ?

Quelques instants plus tard, Stella (c'était donc une paysanne), après nous avoir offert un verre de lait crémeux sorti tout chaud du pie, nous invite à dormir sous son toit. 

 


Sa maison est sommaire et peuplée d'animaux de la ferme : des poussins dans tous les coins, un mouton qui décampe de la cuisine, un taureau dans le jardin, des chiens, des chats, des oies... Un arche de Noé dans lequel Stella et Alberto prendront soin de nous. 




 

L'impression troublante de se connaître d'avant qui nous pousse à être quasi familier aussi rapidement. On fera la cuisine ensemble, on dînera, on rigolera, on discutera de la Colombie, de la France, de nos familles, de nos vies si différentes. Stella (qui est aussi infirmière) s'occupera de la plaie de Julie et de nous rassurer et ira même jusqu'à border les enfants avant le dodo...





Au petit matin, sous un soleil délicieux, Stella coiffe les filles et nous offre une bonne soupe caldo. Stella insiste pour que l'on reste le weekend, il y a encore tant de chose à voir et a faire ensemble...




 

Ça nous touche, on hésite, mais on décide finalement de partir.
La route nous appelle et on a pris le meilleur, le plus spontané, le plus humain. Rester, c'est prendre le risque de gâcher.

Pas de regret, au revoir Stella et en selle !!


Commentaires

  1. Pas facile tous les jours!! Mais de chouettes rencontres. C'est top :)
    Ici il fait beau, il fait chaud! Vivement les vacances!
    Bises à tous les 4 !
    Kat

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  2. il est fou cet article rolala suis encore parti loin grâce à vous
    vos enfants m'épatent !!!! joyeux anniversaire à eux des bises 😘
    Cyril (EP)

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  3. Très touchant cette escale chez Stella.... la bise. July et Tim

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  4. Ohlalala.... j'ai eu les frissons en lisant cet article ! c'est incroyable toutes ces rencontres, ça me donne tellement envie de re-voyager.... mais bon !! une aventure à la fois hein !! Bisous... j'ai vraiment hâte d'entendre vos anecdotes de vive voix,
    c'est toujours passionnant les récits de voyage j'adore !!

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  5. Thomas Walter31 juillet, 2023

    Hey beh ! Pour une reprise vous avez attaquez fort ! C’est pas de tout repos cette affaire. Mais quelle expérience incroyable à vivre en famille. Irremplaçable. Bise à tous et force aux enfants !

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